Et vie...

Le dialogue entre les arts

Musique, peinture et littérature : Philippe Rosset écrit sur les toiles d'Yves Mairot

Que musique et poésie aient été liées depuis Orphée, qu’elles aient été l’horizon naturel de la vie artistique, qui le nierait ? Mais depuis le rêve des correspondances baudelairiennes, et les poètes symbolistes, ce sont tous les arts qui ont bien perçu leur parenté, leurs quêtes communes, leurs dialogues, leurs croisements.

Toutefois, depuis cette question maintes fois posée des rapports entre les différents arts, c’est bien souvent une forme de constat de déséquilibre qui a prévalu ou qui a abouti à des impasses ou à des tautologies : la musique est la musique, la peinture est la peinture, et la poésie a ses codes et son langage, mais l’une ne pourrait traduire l’autre sans lui être soumise ou inféodée. En réalité, il faudrait défendre l’idée d’une totale synesthésie, dans le présent même de l’exécution de l’oeuvre, dans la réception du tableau ou à la lecture du poème, dans son surgissement, dans une expérience totale et simultanée, telle qu’un Kandinsky ou un Scriabine l’avaient pressentie. Qu’un tableau donne à voir et à entendre, qu’un poème puisse avoir ses couleurs, ses lignes, ses dynamiques, qu’une musique puisse parler et dessiner des volutes parfumées, des volumes dans l’espace et des mots dans l’esprit de l’auditeur, tel est l’horizon rêvé par le présent travail, fruit d’une polyphonie entre Yves Mairot, les compositeurs qu’il évoque, consciemment et inconsciemment dans ses toiles, et que j’ai tenté de saisir, de manière souvent intuitive, à l’écoute conjointe des musiques de la peinture d’Yves Mairot, par la contemplation des couleurs vives des musiques (notamment mahlériennes) qui se prolongent et se trouvent dans les mots et les émotions.

Que musique, poésie et peinture puissent désormais révéler ce que j’appellerais l’espace de l’art, de l’art et de la vie !

Avec un avant-propos et une postface d’Yves Mairot :

« Philippe Rosset s’est fait le héraut d’une orientation culturelle qui tend à récuser les frontières arbitraires dressées abusivement entre les trois arts fondamentaux. Il renoue ici avec les conceptions des arts de l’Antiquité et des grandes périodes artistiques de notre histoire. » (Yves Mairot, 2014)