Trahisons du crépuscule

les souvenirs déraisonnables d’un printemps enfoui

Un premier recueil est toujours un aboutissement (préface de Jacques Ancet)

Un premier recueil est toujours un aboutissement ; pas seulement un départ. C’est une déprise et celui-ci n’y échappe pas, travaillé qu’il est de ce que l’auteur a fait sien, ouvert qu’il est à ce que cherche la voix qui parle. C’est dans cet écart que ces premiers textes s’affirment, au sens fort ; naissance et hommage à l’écriture. Mais la démarche n’est en aucun cas de pure abstraction : le proche, le ressenti font venir en écho d’autres voix, elles-mêmes intériorisées. Et de là naît, dans la réminiscence, un espace ouvert à toutes les possibilités.

Là, débordant d’ombre et d’eau, elle attendait, se souvenant des dernières pluies, du nord, revenue de l’été. Approfondissant les ornières, elle se reflétait dans les dernières mares, comme attendant la pétrification des hivers.
Il s’approcha pour la toucher. Mouvement qui effleure et tâte ; révélation de l’humidité. Jamais il n’avait senti la vie du sol. Il caressa les souvenirs déraisonnables d’un printemps enfoui.
Alors tout clairement il vit les ors qui jouaient, les primevères pas encore funèbres, les coucous au goût sucré et au bulbot vert ; il sentit de nouveau l’herbe pousser en dedans ou en dessous.

Il abandonna l’automne pour regagner les villes.

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